smells like teen spirit • DOUKIE (ll)

Une cigarette entre ses lèvres fines, le regard hagard, un pas mal assuré, Jerusalem déambulait les rues de Barcelone, sa guitare sur le dos. Elle avait trainé toute la soirée dans les bars, à la recherche d'un groupe potentiellement écoutable, et ne s'était pas souvenue de l'heure à laquelle les portes de l'école fermait. Il était donc maintenant aux alentours d'une heure du matin... ou peut-être deux. Jerry n'avait aucune notion du temps, elle ne portait pas de montres, oubliait sans cesse son portable, ne prêtait pas attention à la hauteur du soleil dans le ciel... ce qui n'avait guerre d'importance une fois la nuit tombée.
Enfin peu importe, la jeune femme s'arrêta sous un arbre de ce square qu'elle trouvait reposant. Il était désert et cela lui convenait parfaitement. Elle s'installa donc à son aise, éparpillant ses partitions un peu partout, mordillant le bout d'un crayon en piteux état, notant quelques commentaires de-ci, de-là sur ses fiches. En réalité, elle tentait vainement de composer une nouvelle chanson. Elle désirait parler d'un sujet qui lui était cher : l'éloignement, mais ne trouvait pas les mots. Elle hésitait, souriait, rayait d'un trait ferme, s'énervait après elle même. De temps à autres elle attrapait sa guitare, jouait quelques accords avant de la reposer brusquement prise d'une inspiration.
La jeune femme était bien ici, elle se sentait en paix, n'avait ni froid, ni chaud. Elle alluma une cigarette, puis deux, puis trois... Elle aurait volontiers brûlé son paquet entier si le vent de faisait pas vaciller la flamme de son briquet à tel point qu'il était impossible de le faire fonctionner.

"Oui c'est ça cause toujours tu m'interesse!"

C'est ainsi que je terminais ma conversation téléphonique avec mon frère. Ce dernier m'apellait de Moscou pour me dire que la semaine prochaine il y aurait une messe en l'honneur de mes parents car cela ferait 9 ans qu'ils étaient mort. Bien évidement Donovan voulait que je sois présente, mais personnellement je n'avais pas tellement envie de voir toute ma famille qui me dirait "Désolée Doukas" ou encore "Si tu as besoin de quelque chose n'hésites pas." Non vraiment très peu pour moi. La seule chose dont j'aurais eut besoin c'était qu'il me laissent tranquille. Donc comme chaque année, lorsque mon frère me téléphoner pour me proposer de venir, je lui racrochais au nez. Mais je savais qu'il ne lacherais pas l'affaire et donc, mon portable entre les mains j'attendais son texto.
Marchant sans regarder au j'allais, au moment ou mon portable vibra, je me congnais a quelque chose de trè dur. Sous le coup je tombais en arrière et me retrouver sur les fesses. Je lachais alors une insulte en Russe qui avait pour cible... Un arbre? Bon sang je venais de me prendre un arbre en plein millieu du square. Me relevant difficilement, je jurais encore une fois après l'arbre, un fois de plus en Russe. Je fixais alors l'arbre, me rendant compte que quelqu'un se trouvait de l'autre côté. Sans auncune honte de ce que je venais de faire, je fis le tour de l'arbre et découvris Jerusalem. Harquant un sourcil, j'observais les feuilles étalé sur les sol.

"Toujours en pleine composition?!"

Jerry chantait, enfin tout du moins fredonnait les paroles qu'elle venait d'ajouter sur un arpège délicat, lorsqu'un prit sourd la fit sursauter. D'un naturel calme et discret, elle ne bougea pas, ne cria pas, se contenta simplement de tendre l'oreille afin de déterminer la source du bruit. Elle n'eut pas même le temps de comprendre ce qui se passait qu'une voix s'éleva dans la pénombre. Elle reconnaissait Doukas entre mille. De sa voix légèrement grave, de son accent russe qui ne disparaissait pas avec les années, et même de son pas gracieux et délicat qui contrastait tant avec la hargne et l'énergie qu'elle dégageait.
Jerusalem se fendit cependant d'un sourire lorsque l'ombre de Doukas se posa sur elle. Oui, elle composait encore, encore et toujours. Elle aurait vendu son âme au diable pour pondre des compositions merveilleuses... Mais en attendant de le trouver, elle devait sans cesse travailler, raturer, ré-essayer, et elle ne s'en lassait pas. Elle leva tout de même la tête vers son amie en lui jetant un regard amusé.

- Et oui. Oh dis, tu t'es pas fait trop mal ? Car si mes oreilles ne se trompent pas, tu viens de te manger un arbre...

Jerry se tut brusquement, toujours aussi perplexe des longues phrases qu'elle pouvait lâcher sans effort en présence de Doukas. À vrai dire, les deux jeunes femmes étaient amies depuis très longtemps, avant même de rentrer à l'école. On pouvait les apparenter à deux meilleures amies, mais ce terme leur convenait plutôt mal, dans la mesure où leurs caractères trop opposés mettait parfois quelques barrières à leur amitié. Mais ça ne les dissuadait jamais de se voir souvent, de partager parfois quelques uns de leurs problèmes, quelques unes de leurs joies...

Gardant un sourcil harqué et sans prendre la peine de demander a mon amie si jepouvais me joindre a elle, je me baissait et m'assit sur le sol, en tailleur. Sans l'ombre d'un sourcil, j'observais encore les feuilles éparpillées sur le sol puis releva la regard vers mon amie. En effet les deux jeune filles était assez souvent quelifiées comme meilleures amies, mais elles avait pour habitude de ne jamais employer ce terme. Pour moi "Meilleures amies" était quelque chose de trop barbare, allez savoir pourquoi.
Bref! Je jettais un rapide regard a l'arbre en fronçant les sourcils avant de regarder une fois de plus Jerry.

"Oui! Il était en plein milleu de mon chemin!"

Je balandais mon regard dans le square sans même penser que ma phrase était complètement stupide. Car il fallait bien l'avouer, dire que un arbre était en plein millieu de mon chemin était quelque peu stupide. Mais c'était bien souvent le genre de phrase que je sortais et qui ne rimaient strictement a rien.

"Et puis quelle idée de planter des arbres partout dans un square!"

Je recadrais mon regard sur Jerry un fois de plus sans me rendre compte de l'idiotie de ma phrase. Car pour moi mes phrases n'étaient pas stupide mais simplement véridiques.

La présence de Doukas ne perturbait en rien Jerry. Elle se contentait de poursuivre son travail sans lui prêter attention. En vérité, elle était contente d'avoir de la compagnie. Griffonnant à nouveaux sur le coin d'une feuille, la jeune femme attrapa sa guitare d'un geste vif. Elle joua un petit moment, enchaîna les accords, fronça les sourcils, s'arrêta, recommença... et fit pas mal de fausses notes. Mais devant Doukas ça n'était pas bien grave, ce n'était pas comme si son amie la jugeait. Elle ne se permettrait même pas de critiquer la musique de Jerry d'un regard... Ce qui exaspérait parfois la jeune musicienne toujours en manque de critique neutre.
Enfin, elle posa sa guitare, admira un instant les alentours avant de reprendre pied dans la réalité. Elle souriait aux phrases de Doukie sans faire de commentaire, rien qu'un vague hochement de tête patient. Elle savait bien que son amie voyait les choses d'une façon particulièrement, et alors que certains auraient pris ses répliques pour des âneries de petite fille, Jerusalem y voyait là les merveilles d'une imagination sans frontière, le plaisir de quelqu'un qui cherche à échapper à un quotidien trop morne, trop terne.

- Les arbres sont de plus en plus mal élevés ces temps-ci

Lasse de se torturer les méninges, la jeune femme s'appuya contre le tronc de son arbre et laissa son regard glisser vers les étoiles. Elle resta ainsi à les contempler en silence, l'oreille tendu vers les futures remarques que Doulas semblait s'apprêter à débiter.

Le regards perdu des les feuilles disposaient sur l'herbe. J'écoutais mon ami sans même la regarder. Les petites notes ainsi que les signes diposaient par ci par là sur les feuilles donnaient l'imprétion d'une guerre désodonait entre les notes. C'est tout du moins ce que je pensais. Je souris intérieurement car il m'arrivais très rarement de sourire ouvertement aux autres. Pas même a mon amie Jerry. Etrange certe, mais j'étais une fille assez complexe et étrange.
Après quelques secondes de silences je relevais la tête vers mon amie m'appretant a reprendre le cour de notre conversation.

"Sinon tu as trouvé ta chambre et tout et tout?"

Mon portable dans ma poche vibra encore. Je grognais xD, le sortis de ma poche et regardais qui m'apellais. Encore mon frère?! Secouant légèrement la tête, je déposais mon téléphone presque en le jettant a côté de moi. Je n'avais pas la moindre envie de lui parler.
Reportant mon attention sur mon amie, je fis comme si je rien n'étais attendant patiement qu'elle réponde a ma question. J'imaginais déjà que sa réponse serait courte, mais elle pouvait toujours compter sur moi pour faire de longues et belle réponses biens idiotes.

Jerry frémit légèrement, le vent léger des nuits espagnoles n'était pas grand chose à côté des rafales glaciales d'Angleterre, mais elle avait toujours froid. Malheureusement, elle tentait depuis toujours de se persuader qu'elle était forte et résistante, ce qui avait pour conséquence un cruel manque de bon sens face à la météo. Elle ne sortait d'ailleurs jamais avec les vêtements indiqués pour la saison, elle ne prêtait attention ni à la neige, ni au soleil brulant d'un été sur les côtes méditerranéennes. Elle se contentait de tracer son chemin, en tee short ou emmitouflée dans d'épaisses mailles de laine.
La voix de Doukas s'éleva une fois de plus dans le silence. Elle résonna un instant se heurtant aux échos des arbres imposants du square puis s'éteignit paisiblement. Encore une fois, Jerusalem attendit un moment avant de répondre. Les mauvaises langues faisaient souvent de lourdes blagues à ce sujet, comme quoi Jerry avait besoin de temps pour que ça lui monte au cerveau. Mais ça n'était pas tout à fait la réalité. Elle désirait seulement entendre le son mourir au bord des lèvres de ses interlocuteurs, elle trouvait ça très beau et ne s'en lassait jamais. Cependant, il fallait bien répondre aux questions qu'on lui posa, elle articula donc une courte phrase.

- Oui. De toute manière, je n'avais pas grand chose avec moi.

Rien qu'une petite valise à moitié remplie par ses affaires de danse et de musique, et sa guitare sèche puisqu'elle avait consentit avec répugnance à laisser la seconde à Londres. Elle détestait abandonner ses instruments, elle avait d'ailleurs embarquer son harmonica, sa flûte de pan et même un ukulele, tout cela pouvait bien s'entasser dans sa valise... Ça n'était pas bien gros, mais une guitare électrique accompagnée d'un bon amplificateur ne rentrait pas aussi facilement. Elle devrait donc se contenter de travailler avec celle de l'école...

- Et toi ? Tu t'en sors avec tes affaires ?

Sa voix fut à moitié couverte par la vibration du téléphone, mais elle ne se répéta pas, Doukas n'était pas sourde. De même qu'elle ne posa pas de question au sujet du téléphone, sachant pertinemment qui s'était et pourquoi elle ne répondait pas. Mieux valait ne pas aborder de sujet brûlant de haine ce soir.

Mon téléphone continua de vibrer seule au moins trois ou quatre fois avant que de s'arrêter. Mon frère avait enfin comprit que je ne tenais absolument pas a l'entendre me parler de mes parents ou autres sujets tout aussi épineux. Fière de moi pour ne pas avoir cédé a la tentation et décroché mon téléphone et crier sur Donovan je reportais toutes mon écoute et mon attention sur mon amie.
Je savais en effet que Jerry préférais voyager léger et n'emportait avec elle que le plus important, a savoir ses instruments et surtout ses guitares. Il était assez rare de le voir sans. Ainsi lorsqu'elle me dit qu'elle n'avait pas emportait grand chose je penchais légèrement la tête sur le côté. J'imaginais bien sur qu'elle avait prit ses instruments et je me demandais si elle n'avait pas prit QUE ses instruments.
Mais avant même que j'eus le temps de poser la moindre question, mon amie enchaîna.

"ça peut aller. Don' n'a pas voulu que j'emporte mes épées ici de peur que je blesse quelqu'un mais sinon j'ai réussis a tout caser dans mes sac. En revanche j'ai bien du mal a tout faire tenir dans ma chambre."

En effet avant de partir, mon frère n'avait pas voulu que j'emporte mes épée d'escrime. Ce qui bien évidement m'avait mit de très mauvaise humeur. Il avait peur que je ne crève un oeil a quelqu'un. Pourtant il aurait du savoir que après 11 ans d'escrime il y avait assez peut de chance pour que je crève un oeil a quelqu'un. Mais j'avais beau polémiquer il n'avait pas voulu. En revanche j'avais put emporter toutes mes affaires de boxes. Quand a ma batterie, j'aurais bien eut du mal a la faire entrer dans mon sac...

Jerry sourit et secoua sa crinière noire en signe de dénégation. Il n'y avait que Doukas pour emmener ses affaires de boxe dans une école d'art. M'enfin, après tout pourquoi pas si elle trouvait une salle. Mais il est vrai qu'emmener ses affaires d'escrime n'était pas la meilleure idée qu'elle est jamais eu... Elle aurait probablement finit au poste en voulant passer la douane de l'avion, ce qui aurait été drôle un instant mais beaucoup lorsqu'ils auraient tous raté l'avion. Jerry remerciait donc Donovan d'avoir désamorcé cette idée, même si elle ne le dirait jamais à Doukas étant donné les relations tendues qu'elle entretenait en ce moment avec lui.
La nuit se faisait d'un encre opaque, presque sale. On ne voyait que des fragments de ciel, semblable à du charbon, qui se découpaient parmi les silhouettes imposantes des arbres du square. Les étoiles se faisaient rares, mais elles brillaient d'une telle force que Jerusalem se serait presque sentie émue à l'idée qu'elles fournissent tant d'effort pour se faire remarquer au beau milieu de l'infini.
Mais son attention se reporta sur la petite Doukie qui s'était tue l'espace d'un instant. Cela ne durerait probablement pas, mais cet instant de répit sonna comme l'écho d'une étrange mélancolie, d'une note poussée vers l'infini qui mourait brusquement. Et Jerry ne souhaitait pas perturber ce moment, qui lui lançait des milliers de rimes à la figure... Ça en devenait presque vulgaire, mais Jerusalem ne tenta pas de les apaiser. Au contraire elle se jeta presque sur son carnet, et crayon en main elle griffonna ses idées d'une main agitée.

J'arquais un sourcil en voyant mon amie se jetait ainsi sur son carnet. Je savais en effet que lorsqu'elle avait une idée elle était d'une rapidité incroyable pour attraper n'importe quoi qui puisse lui servir pour écrire, mais sa vitesse m'épatait toujours autant a chaque fois. Mais je ne fis aucune remarque. Certes les mots se bousculaient dans mon cerveau et au bord de mes lèvres. Mais j'essayais de pas trop en dire. A côté de Jerry je me sentais tellement bavarde que je me disais bien souvent qu'elle devait en avoir assez d'entendre ma voix et mes paroles qui, a bien des reprises ne servaient a rien et n'avaient même aucun sens. Observant ainsi mon amie écrire sur son carnet des mots, des notes ou peu importe ce que c'était je ne pouvais les distinguer correctement.

"En parlant de batterie!"

J'avais repris la parole soudainement. Me souvenant que qu'il fallait que je demande a mon amie quelque chose d'indispensable a ma survie dans ce pays.

"Je suppose que tu est déjà allée faire un tour dans le salle de musique?! Pitier dis moi qu'ils ont une batterie tellement bien que je vais tomber dans les pommes en la voyant!"

Les mots défilaient à toute vitesse, s'entrechoquaient les uns aux autres, tentaient de se doubler, et finalement ne rimaient plus à rien. Elle s'arrêta donc d'écrire, déçue de ne pas avoir pu tirer plus de mots de cet élan. Cependant son amie reprenait ses bavardages éloignant ainsi les insultes atroces que Jerry se lançait intérieurement.
Doukie parlait batterie, comme toujours. Et Jerry se remémorait en même temps le jeu précis que possédait son amie, sa manière extravagante de jouer et le sourire de plénitude qu'elle arborait en jouant. Ce renseignement lui était tellement précieux que Jerry n'osa même pas laisser le son mourir au bord de ses lèvres. Au lieu de quoi, elle lança précipitamment sa phrase :

- T'évanouir serait exagérer, mais quelqu'un en jouait quand je suis passée devant et elle avait un bon son. L'acoustique est génial dans la pièce donc même si elle est moyenne à ton goût, la salle fera le reste. Jerry attendait la réaction de Doukas avec un sourire au lèvre, elle se demandait à quel point le fait que la batterie ne soit pas aussi bien que la sienne allait l'affecter. En fait, ce qui risquait de l'énerver était tout simplement qu'elle n'est pas pu emmener sa batterie avec elle. Tout comme Jerry n'avait pas pu prendre sa guitare électrique.